La discrimination professionnelle liée à l’âge
Avoir 50 ans, aujourd’hui, est le plus souvent un handicap dans le monde du travail : trop chers, trop vieux, pas connectés, pas adaptables… Les clichés ont la vie dure quand il s'agit d'embaucher un profil sénior.
Les freins liés à l’emploi des seniors
Quels sont les leviers à actionner pour soutenir l’emploi des plus de 50 ans ?
Avec près de 900 000 actifs de plus de 55 ans inscrits comme demandeurs d’emploi, la France est le pays de l'Union Européenne avec le plus faible taux d'embauche des séniors.
Carrière bloquée, accès à la formation et mobilité limitées, refus d’embauche ou de promotion, mise à l’écart…. Les seniors sont confrontés à de multiples freins professionnels. Et pourtant, toute forme de discrimination, dont celle liée à l’âge, est fortement punie par la loi. Elle est passible de 45 000 euros d’amende et de 3 ans d’emprisonnement.
Si les salariés victimes de discrimination disposent de plusieurs recours (inspection du travail, la Haute Autorité contre les discriminations et pour l’égalité…), très peu les utilisent. Certains, confrontés à la fois à la longueur de la procédure et à la difficulté d’établir leur discrimination, préfèrent renoncer.
Etre sénior, un atout véritable pour les recruteurs
Cela tombe sous le sens, les séniors ont de l'expérience ! C'est un atout indéniable qui laisse présager, entre autres, un candidat autonome. Ils sont aussi reconnus pour leur capacité d’adaptation. Ils sont de ce fait opérationnels plus rapidement que d'autres.
De plus, moins tributaires des contraintes familiales (plus d’enfants à charge), ils restent plus disponibles et mobiles. Autre point à prendre en considération, leur faculté à prendre du recul et leur implication forte. Ainsi, ils offrent un certain équilibre et une stabilité à l’entreprise.
Enfin, les séniors d'aujourd'hui maîtrisent également parfaitement l’informatique, suivent des formations et s’investissent.
Des leviers pour soutenir l’emploi des plus de 50 ans
Une préoccupation gouvernementale
L'une des préoccupations du Gouvernement depuis de nombreuses années est l'emploi des séniors. De ce fait, diverses mesures incitatives et aides financières ont été mises en place par l’État.
- Le CDD senior. Il s'adresse aux demandeurs d'emploi depuis plus de 3 mois et âgés d'au moins 57 ans. Il est signé pour 18 mois renouvelable une fois. Le but est d’encourager le recrutement des seniors et leur permettre de cotiser jusqu’à l’âge légal de la retraite.
- Le contrat unique d’insertion (CUI) est dédié aux personnes professionnellement fragilisées. Il s’adresse au secteur non marchand (collectivités, établissements de soin, associations, ateliers et chantiers d’insertion …) et associe formation et/ou accompagnement professionnel.
- Le contrat de professionnalisation (CDI ou CDD) est un contrat de travail en alternance comprenant période de travail et formation. Ce contrat peut être un moyen de se remettre à la vie active tout en acquérant de nouvelles compétences. Tout employeur peut bénéficier d’une aide de 2 000 Euros pour l’embauche d’un salarié de 45 ans ou plus, demandeur d’emploi.
- Le CDI « inclusion » va favoriser l’embauche des salariés de 57 ans et plus dans des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Elles regroupent des entreprises, associations, signataires d’un contrat d’aide financière publique avec l’État.
- Les CDD de salariés de plus de 57 ans pourront être renouvelés, au-delà de la durée légale de 24 mois, à titre exceptionnel.
- La mise en place d’un « contrat passerelle » qui va permettre aux entreprises classiques de pouvoir recruter des seniors en fin de parcours d’insertion, jusqu’à leur retraite, sans période de chômage.
Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, les recruteurs doivent se former à la non-discrimination au travail tous les cinq ans. Cette mesure est issue de la loi égalité et citoyenneté adoptée en décembre 2016.
De nouveaux dispositifs sont également prévus pour les seniors :
Les pouvoirs publics ne sont pas les seuls responsables
Si certaines entreprises ont compris les enjeux d’un recrutement de profil senior, d’autres ne sont pas encore prêtes. Alors, ne serait-il pas temps que les entreprises détectent en eux non plus leur « tempes grises », mais plutôt leurs atouts et leur richesse ?