Pourquoi les développeurs détestent les recruteurs

Ceci est un traité de paix.

Durant ma courte carrière de recruteuse, j’ai été principalement amenée à « chasser » des profils de développeurs. Aujourd’hui, si j’ai rangé mon attirail de chasse, il se trouve que je travaille dans un coworking où quelques développeurs exercent également.

Lorsque j’ai expliqué que je travaillais dans un cabinet de recrutement, j’ai à nouveau senti ce froid que je ne connaissais que trop bien. C’est ainsi : recruteurs et développeurs sont très souvent amenés à échanger et pourtant les deux ont du mal à se comprendre. Alors voilà tout l’objet de ce petit article qui n’a pour unique mission que de trouver des pistes pour que les deux parties se comprennent. Parce que, qu’on se le dise, les profils tech ne vont pas arrêter d’être sollicités… Alors autant le faire bien, non ?

Pour réaliser cette « enquête », je me suis bien évidemment entourée de deux développeurs, Marcel et Paolo (les noms ont été volontairement changé. J’ai toujours rêvé d’écrire ça) et appuyée sur ma propre expérience. Alors, tentons ensemble de comprendre pourquoi les approches des recruteurs échouent et comment créer du lien avec les profils tech.


Les erreurs qui irritent les développeurs

Commençons donc avec Paolo, développeur Backend en ESN (entreprise de service du numérique). Paolo est spécialiste Java et pourtant il n’est pas rare qu’il reçoive des offres pour des postes de développeur front-end sur des technologies comme JavaScript. « C’est fatigant. Java n’est pas JavaScript et cette différence, les recruteurs n’y prêtent pas attention. De mon côté, c’est un premier redflag qui entraîne la suppression du message, sans même prendre le temps d’y répondre » nous explique Paolo. Et encore dans cet exemple les stacks sont mentionnées ! « Il n’y a rien de pire qu’un message teasing dans lequel on ne sait pas du tout où se positionner. Il faut à minima que les stacks soient indiquées dès le premier message d’approche, sans oublier la rémunération évidemment » ajoute Paolo.

De son côté, Marcel est développeur FullStack. Il s’agace profondément du manque de personnalisation des messages d’approches. « Ce sont tous les mêmes ! Des messages génériques sans aucune personnalisation. Quand on en reçoit un de temps en temps ça passe, mais quand c’est tous les jours, c’est frustrant. Faîtes au moins un tour sur notre profil LinkedIn ! ». 

Parmi les messages évoqués :

« Bonjour Marcel, nous avons un poste de développeur FullStack à Tours dans le secteur de la santé. Fourchette de rémunération : 42-50K. Télétravail possible. »

 « Bonjour Marcel, votre profil correspond parfaitement à un poste dans une fintech à Tours. Vous serez au cœur de la transformation du secteur financier. »

Ces messages manquent souvent de précision. Dans le premier cas, le recruteur mentionne vaguement un poste dans la santé sans détails sur les technologies utilisées. Dans le second, le recruteur parle de la « transformation du secteur financier » sans clarifier ce que Marcel fera au quotidien. Résultat ? Marcel n’y prête même pas attention.

Pourquoi cette déconnexion ?

Le développeur, comme tout professionnel, veut être approché avec respect et compréhension. Cependant dans leur domaine particulièrement, cette exigence est encore plus prononcée en raison de la technicité de leur travail. Lorsqu’un recruteur montre qu’il ne maîtrise pas les bases des technologies qu’il évoque, cela nuit à sa crédibilité et diminue ses chances d’obtenir une réponse.

De plus, le marché tech est aujourd’hui fortement en faveur des développeurs. Avec une forte demande et une offre de compétences relativement limitée, ils ont l’embarras du choix. Ainsi, ils ne répondent qu’aux propositions qui sont non seulement adaptées à leurs compétences, mais aussi engageantes et pertinentes.

Mais alors… Comment les recruteurs peuvent-ils améliorer leur approche ?
  • Parler le même langage

Une des premières attentes des développeurs est que les recruteurs comprennent au moins les bases des technologies qu’ils mentionnent. Comme évoqué précédemment, Java et JavaScript ne sont pas interchangeables. De la même manière, un développeur back-end ne sera probablement pas intéressé par un poste de front-end. Il faut donc impérativement que les recruteurs fassent l’effort de se former aux technologies et d’être précis dans leurs descriptions. 

Chez Générationnel par exemple, nous avons un petit lexique des stacks pour en comprendre les grandes lignes. Nous jouons la transparence vis-à-vis de nos candidats : nous ne sommes pas des professionnels de leur métier mais nous nous y intéressons grandement. Cela passe par de la veille et de nombreux échanges avec nos partenaires évidemment. De la même manière nous indiquons dès les premiers échanges avec un candidat qu’il va être rapidement mis en relation avec une personne qui “parle développement”. L’idée est de valider avec lui les grandes lignes de son CV et son état d’esprit puis qu’il échange concrètement sur la partie métier avec un pair.

  • Personnaliser le message

Trop de messages envoyés aux développeurs sont impersonnels et standardisés. Un simple « Bonjour, votre profil nous intéresse » ne suffit plus. Ainsi, prenez le temps de personnaliser chaque message en faisant référence à des projets spécifiques ou des technologies mentionnées dans le profil LinkedIn ou le CV du développeur.

Un message bien ciblé aura beaucoup plus de chances d’être pris au sérieux.

Par exemple, si Marcel mentionne qu’il a travaillé sur un projet open-source, cela pourrait être un excellent point d’entrée pour engager une conversation. « J’ai vu que tu as contribué à X projet open-source, nous utilisons une stack similaire et je pense que cela pourrait t’intéresser. »

  • La transparence dès le début

Les développeurs veulent savoir rapidement si une opportunité mérite leur attention. Fournir des détails précis dès le premier message peut faire la différence : nom de l’entreprise, technologies utilisées, fourchette salariale, conditions de télétravail, etc.

En évitant les généralités, les gifs et autres émojis qu’ils ne peuvent plus voir en peinture, vous démontrez que vous avez fait vos recherches et que vous respectez leur temps.

  • Créer un dialogue authentique

Avant de parler d’une offre précise, pourquoi ne pas simplement engager une conversation ? « J’ai vu que vous étiez ouvert à des opportunités pro. Je serais curieux de savoir ce que vous recherchez dans votre futur poste. » Cette approche peut ouvrir la porte à un dialogue plus authentique, où le recruteur montre un réel intérêt pour les attentes du développeur. Cela aide à établir un climat de confiance, essentiel dans la relation recruteur-candidat.

Si les développeurs « détestent » parfois les recruteurs, c’est souvent parce qu’ils se sentent mal compris. En adaptant votre approche et en vous intéressant vraiment aux profils des candidats contactés vous pouvez transformer cette relation parfois tendue en une véritable collaboration. Stop donc aux emails automatiques.

Objectif : contactez moins mais mieux 😁

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